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PREMIER AGENT

Mais ils ne vont pas venir de c’côté.

DEUXIÈME AGENT

Et qu’ils se gêneraient donc ! Ils ont le député Frapeau qui d’meure pas loin d’ici et où qu’ils viendront faire un ban parçe qu’il a parié pour eux à la Chambre.

PREMIER AGENT

Ça n’empêche qu’au lieu de rentrer tranquillement près de c’te femme, je vas encore être à poirotter jusqu’à des ménuits. Ah ! nom de Dieu ! Ça ne se passera pas comme ça. Le brigadier me fait des tours : je vas sûrement me venger.

DEUXIÈME AGENT

Et quoi donc que tu peux lui faire ? Te venger ?

PREMIER AGENT

Certainement me venger. Mais pas sur lui donc. Quoi tu veux que je lui fasse ? Sur le premier étudiant qui m’tombe sur c’te patte. (Ils sortent à droite.)


Scène X

CHAMBOLIN, REQUIN
(Ils sortent ensemble de chez Requin)
REQUIN

La transformation est faite. Vous avez eu vite fait de trouver chez moi ce qu’il vous fallait, des habits neufs, jamais portés, et très confortables.

CHAMBOLIN
(Il porte une belle redingote, un chapeau haut de forme et tient à la main une canne à pomme d’argent.)

Oui, me voilà bien conditionné. Je ne suis plus un vagabond, maintenant : je suis un badaud. Je ne suis plus un rôdeur : je suis un flâneur. Je ne suis plus un feignant : je suis un oisif. (Il s’asseoit) On n’est vraiment pas mal sur ces bancs quand il s’agit de s’y asseoir… (Il se relève précipitamment.) Pourvu que je n’aille pas y attraper quelque vermine. Dire que j’ai dormi là-dessus, que j’ai failli devenir une gouape… et même quelque chose de pis !

REQUIN

Dieu vous a transformé.

CHAMBOLIN

En m’envoyant de l’argent. L’argent a mis en fuite tous mes mauvais instincts.