des travailleurs. La Commune l’a prouvé en votant les trois premiers décrets
FORTUNÉ HENRYéconomiques, qu’il importait de régler immédiatement : les loyers, les échéances, et la garde nationale. Ces décrets n’en effrayèrent pas moins le gouvernement de Versailles, qui s’aperçut que le programme que nous affirmions était autre chose que tous les programmes politiques quelconques.
Il y a eu majorité et minorité dans la Commune. Les hommes de la majorité, dont je faisais partie, soucieux d’en finir le plus tôt possible avec Versailles, proposaient surtout des mesures de combat. La minorité était plus préoccupée de questions économiques. Elle était convaincue que les réminiscences de la politique d’antan n’amèneraient aucun résultat appréciable pour la révolution sociale, et elle ne voulut pas voter la création d’un Comité de Salut Public.
Nous nous sommes trouvés côte à côte pendant cette terrible semaine sanglante, Majorité et Minorité, nous battant avec la même ardeur jusqu’au dernier jour de la lutte, défendant pied à pied avec la même foi les droits du Peuple travailleur.
— Quel a été votre rôle pendant la Commune ?
— Le parti blanquiste, dont j’étais, a été surtout représenté pendant la Commune par les hommes d’action, tels Eudes, Granger, Girault, Fortin, Rigault, Trinquet, Regnard, Ferré, Breuillé, Brideau, Jeunesse, Genton, etc. Beaucoup firent partie du Comité de Sûreté générale.
Celui-ci réorganisa la préfecture de police à peu près comme elle fonctionnait auparavant et fonctionne encore aujourd’hui, sauf qu’il se préoccupa presque exclusivement de police politique. J’y fus plus particulièrement chargé de la recherche des anciens agents secrets de la police impériale. Un certain nombre, qui conspiraient avec nous sous l’Empire, ont été arrêtés et la plupart, déclarés otages, fusillés dans les derniers jours de la semaine sanglante. J’ai dirigé leurs instructions et requis contre eux quand ils ont comparu