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les tergiversations de la Commune. Née à la suite des interminables pourparlers de la seconde quinzaine de mars, il lui manqua, au début, le sentiment révolutionnaire qui se développa progressivement en elle à mesure que sa chute devenait plus imminente, et qui, s’il s’était produit plus tôt, aurait pu retarder sa défaite de plusieurs semaines.

En l’absence de documents, et n’ayant à ma disposition que de lointains souvenirs, je n’ose m’aventurer à parler de l’organisation parlementaire, militaire, financière ou administrative, mais je suis d’avis que, si elle a laissé à désirer au point de vue révolutionnaire, elle peut supporter avec avantage, excepté pour le côté militaire peut-être, la comparaison avec tous les gouvernements qui ont précédé ou suivi celui de la Commune. Quant à l’honnêteté et au désintéressement des membres de la Commune, et de la plupart de ses agents, elle n’est plus aujourd’hui contestée que par quelques rastaquouères de lettres, ou par des piliers de banque ou de sacristie.

Je ne saurais me prononcer sur l’influence de la Commune, sur les événements et les idées, j’aurais peur de me laisser égarer par mes sympathies personnelles. On ne saurait se dissimuler, cependant, qu’elle n’ait été très grande. Il est généralement admis qu’en France, elle a sauvé, sinon la République, du moins la forme républicaine. La durée de la résistance et l’immense massacre qui a marqué sa fin épique ont fixé l’attention des prolétaires les plus lents à s’émouvoir, et les milliers d’exilés que sa chute a dispersés sur tous les points du globe civilisé ont été autant d’anneaux destinés à relier la France au grand mouvement socialiste international.

M. J. Martelet
Membre de la Commune

J’ai toujours pensé que le mouvement communaliste de 71 devait marcher de l’avant, sachant par l’expérience du siège combien il était dangereux d’être timoré. Nous savions que ce que nous quittions était mauvais et qu’il n’était pas difficile de faire mieux. La majorité des nouveaux élus de Paris était résolue à proclamer définitivement les droits de la majorité de la nation, c’est-à-dire