par derrière ! C’était si facile de créneler les maisons, de faire de chacune d’elles une forteresse, et de ne la lâcher qu’après l’avoir incendiée ou fait sauter. La Commune respecta la propriété ! Versailles, son défenseur, moins scrupuleux, n’hésita pas à éventrer les maisons lorsqu’il fallait tourner une barricade.
Maintenant, il faut le dire, les hommes de la Commune ne sont pas responsables de ce qui n’a pas été fait. Ils étaient de leur époque, et, à leur époque, s’il y avait un vague sentiment de socialisme, chefs, comme soldats, personne n’avait d’idées nettement définies, de sorte qu’il était fatal que tout le monde pataugeât dans l’incertitude.
Triomphante, la Commune serait devenue un gouvernement comme tous les autres ; il aurait fallu une révolution nouvelle pour la mettre par terre. Vaincue, elle a synthétisé toutes les aspirations prolétariennes, et donné l’impulsion au mouvement d’idées dont à l’heure actuelle nous sommes tous le produit.
Pendant vingt-six ans on a parlé des victimes de la Commune ! À peu près soixante dont on sait les noms. — Ses morts, à elle, sont sans nombre ; Paris fut un immense abattoir dans lequel après huit jours d’égorgement les vols de mouches des charniers arrêtèrent les tueries — on craignait la peste.
Les morts de la Commune pendant la semaine sanglante ne peuvent être évalués, ils ont été enfouis partout, dans les squares, sous les pavés des rues, dans les puits, dans les tranchées creusées au temps des Prussiens ; dans celles des cimetières, dans les casemates, où ils furent brûlés ; on en apportait par voitures au champ de Mars où ils furent également brûlés : la cendre n’en fut point recueillie dans des urnes, les vents qui l’ont emportée ne diront ni les noms ni le nombre.
Ainsi la Commune qui avait attendu naïvement l’attaque de Versailles et qui n’avait pas enfoncé le pieu au cœur de pierre du vampire, la Banque, la Commune expia sa générosité ;
Mais invaincue sous les flammes vengeresses de l’incendie, elle renaîtra plus forte, car elle avait compris combien sont inutiles les changements politiques qui mettent des hommes en place d’autres hommes ; elle savait que le vieux monde parlementaire ne donnera jamais que ce qu’il fit au 4 septembre, il l’a prouvé depuis. Toute révolution, maintenant, sera sociale et non politique, c’est le dernier souffle, l’aspiration suprême de la Commune dans la grandeur farouche de ses noces avec la mort.