pas de pouvoirs réguliers, ne pensa qu’à organiser les élections alors que l’armée de l’ordre se reformait à Versailles.
La Commune, élue, s’occupa de faire des lois, des décrets, qui, pour la plupart, restèrent inexécutés, parce que ceux qu’ils visaient s’aperçurent que la Commune légiférait beaucoup, mais agissait peu.
Révolutionnaires !… ils croyaient pourtant l’être, mais en mots et en parade, seulement ; ils l’étaient si peu, en réalité, que, même investis des suffrages des Parisiens, ils se considérèrent toujours comme des intrus au pouvoir.
Ils manquaient d’argent, alors que des centaines de millions dormaient à la Banque, et il leur aurait suffi de lancer contre elle deux ou trois bataillons de gardes nationaux pour faire rentrer en l’ombre le marquis de Plœuc qui les berna si facilement.
Ils votèrent la loi sur les otages et n’osèrent jamais l’exécuter, alors que Versailles continuait à massacrer les fédérés qui lui tombaient entre les mains.
Je ne dis pas qu’elle aurait dû fusiller les quelques gendarmes ou prêtres obscurs qu’elle avait entre les mains. Versailles s’en souciait fort peu, les otages sérieux étaient hors d’atteinte ; mais elle avait le cadastre, le bureau des hypothèques, les officines des notaires, tout ce qui régularise la propriété bourgeoise ; si, au lieu de menacer, la Commune avait fait flamber toute la paperasse, s’était emparée de la Banque, les mêmes bourgeois qui insultaient les fédérés prisonniers auraient forcé Thiers à leur venir faire des excuses.
C’est que, en révolution, la légalité est non seulement une blague mais une entrave, elle ne peut servir que les partisans de l’ordre de choses que l’on veut détruire. Ce ne sont pas des discours, des paperasses ni des lois qu’il faut en période révolutionnaire, mais des actes.
Au lieu de voter la déchéance des patrons en fuite, il fallait, de suite, mettre leurs ateliers en possession des travailleurs qui les auraient fait marcher. Et ainsi en toute chose : au lieu d’une loi, d’un décret, qui restait à l’état de lettre morte : un fait ! On l’aurait alors prise au sérieux.
Ils voulurent jouer au soldat, parader, en uniformes d’officiers jacobins, comme si les révolutionnaires devaient faire la guerre disciplinée.
Attaqués par le gouvernement de Versailles, il fallait se contenter de se défendre, mais ne lâcher le terrain que pied à pied, miner terrain et maison de façon à ce que chaque pas en avant des soldats de l’ordre fût l’équivalent d’une défaite pour eux.
Non, même acculés dans Paris on voulut encore faire de la stratégie : on dressa d’énormes barricades qui, braquées pour faire face à un point désigné, furent tournées par l’ennemi. — Imprenables de face elles laissaient leurs défenseurs à découvert