Les socialistes de la Commune, pas plus que les purs révolutionnaires, n’ont donc laissé l’indice qu’ils eussent un programme de réformes effectives à réaliser.
Personnellement je n’ai rempli sous la Commune aucun rôle politique, administratif ou militaire. J’étais simplement externe à l’Hôpital Saint-Louis dans le service du chirurgien Alphonse Guérin où abondaient les blessés du second siège. Étudiant en médecine, j’avais fait mon service militaire comme aide-major dans le 5e bataillon des mobiles de la Seine, successivement en garnison, de septembre 1870 à janvier 1871, au fort d’Issy, dans les tranchées de Vanves et Montrouge. Mais j’avais, bien avant la fin de l’empire, l’esprit préoccupé par le mouvement politique et social libérateur et je fus ainsi un témoin plus qu’attentif.
Mon opinion n’a guère varié sur les événements du 18 mars, c’est un grand épisode de la lutte du prolétariat pour la conquête de son progrès social et la réalisation de son pouvoir politique. Cet épisode a pris les proportions d’une guerre civile grâce au dénouement de trahison et d’ineptie donné au siège prussien par le gouvernement parisien, grâce à la politique vraiment criminelle de Thiers. Paris avait eu foi en la résistance patriotique : il avait fait avorter par les journées d’octobre les plans des hommes de la paix à tout prix dont tous les espoirs et toutes les lâchetés faisaient cortège à Thiers dans son voyage à travers l’Europe ; Paris conservait sa foi en la République, alors que Gambetta à Bordeaux et ses amis dans les premiers jours de février la croyaient perdue. Paris avait été, restait un obstacle, il fallait le briser.
Si Paris s’était accommodé de la République des Louis Blanc, des Tirard et autres plus ou moins complices du gouvernement de la Défense, Thiers n’aurait peut-être pas mieux demandé que de s’entendre avec lui. Mais Paris était en majorité adhérent aux thèses constitutionnelles et aux pratiques d’une république démocratique ; question plus embarrassante encore, une grande foule de ses