suis évadé, avec Jourde, Olivier Pain, Paschal Grousset, Ballière, Granthille, comment j’ai vécu à Londres, à Genève, enfin ma rentrée…
par Edouard Manet
— Triomphale. Et votre opinion sur la Commune ?
— L’empire tombé on a cru à la République. Quand on a eu une Assemblée plus cléricale encore et plus réactionnaire que les précédentes, on s’est révolté. La majorité m’avait exaspéré, et c’est pourquoi j’ai donné ma démission à Bordeaux. Les Parisiens en ont eu assez. La Commune a été l’explosion des sentiments républicains et patriotiques dupés et trahis. Thiers l’a avoué, l’insurrection a été produite par l’exaspération du patriotisme déçu. Les gouvernements ne changent guère et continuent d’exaspérer les gouvernés.
(Se laissant aller à parler de la Grèce, M. Rochefort nous montre une statuette que viennent de lui envoyer les Grecs et nous explique ingénieusement, ce qu’est un Tanagra.)
— Mais la Commune, votre opinion ?
— La Commune, c’est bien simple, c’est le seul gouvernement honnête qu’il y ait eu en France depuis Pharamond. Des gouvernants qui gagnaient 15 francs par jour. Depuis ils nous coûtent un peu plus. En déportation je les ai connus. Pas un de ces hommes là n’avait le sou.
— Mais ces honnêtes gens pensez-vous qu’ils aient été habiles, bien inspirés ?
— Ça dépend. Il y avait les modérés, les outranciers. Naturellement c’étaient les outranciers qui avaient raison. Quand on veut agir, il ne faut rien ménager ou sinon,.., Tenez les Grecs sont bien peu de chose en face de l’Europe coalisée, eh bien s’ils sont crânes jusqu’au bout, sans doute ils auront raison de toutes les puissances…
— L’administration ?
— J’en sais trop peu de chose.
— Et l’influence de la Commune ?
— Énorme. Les massacres versaillais ont discrédité à jamais la Société bourgeoise. Et puis, la Commune a sauvé la République…
— Que nous avons.
— Je ne dis pas. Il n’en reste pas moins l’exemple.