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ils acceptent le mot créé par Destutt de Tracy et la science synthétique qu’il désigne. La première génération d’idéologues a pour principal représentant Condorcet, puis Sieyès, Rœderer, Lakanal, Volney. — Cabanis est avec Tracy le chef de la seconde génération d’idéologues. Il lie la philosophie à la médecine et la médecine à la philosophie, il développe la doctrine de la perfectibilité, il crée la psychologie physiologique. Tracy complète l’idéologie physiologique par l’idéologie rationnelle ; il montre qu’il faut la rendre infantile pathologique et animale pour en faire le point de départ de la logique et de la grammaire, de la morale et de la politique. Autour de Cabanis et de Tracy se groupent Daunou, B.Constant, J. B. Say, Bichat, Lamarck, les novateurs : Saint Simon et Fourier, Leroux et Reynaud, Comte et Littré, les disciples : Ampère et Biran, les littérateurs et les historiens : Villemain et A. Thierry, Sénancourt et Stendhal et Sainte-Beuve, enfin Brown qui nous conduit à St-Mill, Spencer et Bain. — La troisième génération d’idéologues est spiritualiste et chrétienne, un nom la résume : Laromiguiére. — L’école idéologique a tenté en tous sens des excursions quelquefois heureuses. De tous les personnages dont je viens de prendre les noms à la nomenclature finale du livre, M. Picavet, nous indique avec précision l’originalité et le mérite. Ce qui donne à tous ces idéologues un commun caractère, c’est leur passion pour la conquête de la vérité scientifique, et c’est pourquoi notre auteur s’en est fait l’historien. Comme eux il croit au progrès de toutes les sciences historiques et psychiques par le concours et la complicité désintéressée de chacune d’elles. Quelque partiel qu’ait été le succès des idéologues leur ambition était noble : « rompre complètement avec le passé, recréer en même temps que l’entendement humain les sciences morales, à l’image des sciences mathématiques et physiques ; constituer la philosophie des sciences et même esquisser une métaphysique nouvelle qui aurait pour solide appui la connaissance des phénomènes et de leurs lois, les plus générales comme les plus particulières, » M. Picavet