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penser pas un mot, le sacerdoce de l’histoire ; et même de la naturelle ! Ah ! joie légitime, l’Ecclésiaste avait vécu dans la jeunesse de Béranger ! M. Barrès pouvait-il ne pas saisir, qu’en moquant les gargouilles de gravité de cette honorable cathédrale désaffectée, mais qui n’a pas tout-à-fait cessé d’être à des cultes, il élèverait sa chapelle neuve, — pour peu qu’il prit soin de prêter à son sage cœur classique des styles aux néologismes prudents et cette déférence envers les hérauts du neuf, n’est, à l’user, que respect pour des charmes oubliés mais anciens.

« Soyez ravi, mon cher enfant, comme je le suis, que l’éloge dont son élévation est aujourd’hui suivie, le vante à tort pour des vertus imaginaires : il nous est plus doux de le chérir pour les secrètes siennes, — et, sait-on la plus délicieuse, — maître aux modesties fastueuses, pour avoir été en ce temps le seul réel Monsieur Renan.

« Depuis que l’exquis professeur d’hébreu, qui si bien était parti pour assez mal finir, affirme savoir la langue qu’il enseigne, et même la syriaque, la chaldaïque, que sais-je, ô Socrate, la science d’aimer ! — depuis qu’il donne avis sur les civilisations à venir où les membres de l’Institut feront si digne figure, — et depuis, quel malheur ! — que ne voulant être Président de la République, il s’accommoderait en devenir le Pape au nom de la morale, — oh ! ne nous manquait-il pas sa prédication persuasive et dorée des Saints principes d’Impératif Fuyant, dont la leçon de nécessaire politesse est, en démocratie, si méritoire ?…

« Et vraiment, Monsieur Renan, — qu’il soit nommé ministre de la guerre, si l’on veut, — devrait bien, pour l’avoir retrouvé, en beaucoup mieux, obtenir de son aréopage le prochain prix Monthyon à l’agneau moral plus qu’il ne le fut soi-même, sûr de ne l’être de rien, et philosophique, à M. Maurice Barrès. On en ferait à Nanterre une bien agréable cérémonie, — surtout si cela doit, comme on l’assure, se terminer par un mariage. »

de Wrèlle.