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Apologie pour M. Barrès


Un homme plein de vertu, et qui ne me plairait peut-être pas s’il n’en avait pas tant…
PLATON (n’importe où)


Ma chère Diotime, qui est la plus doucement sage des jeunes femmes, m’a vu entre les mains « le Jardin de Bérénice », et il m’a dit : Je suis sûre que vous aimez ce livre à la folie. — « Sans doute, lui répondis-je : je n’en ai lu que le titre. Le titre est adorable, et peut-être n’irai-je pas plus loin. » — « Je l’entends fit-elle ; car je sais que vous avez acquis un peu de sagesse, mon cher enfant. »

Qui saura la douceur de l’accent de Diotime, lorsque je l’entends me nommer son enfant ? Elle est pleine de spéciales lumières : et, je l’avoue, Diotime a les plus charmants yeux d’espoir qui se réalise : c’est deux cœurs de chastes émeraudes qui y scintillent en palpitant : quelle adoration ne voudrait faire un ciel à ces petites étoiles en exil ? Ah ! je leur ai très humblement consacré la mienne : et, parfois, elle me fait la grâce de s’y arrêter… Ma chère Diotime sait tout par sympathie : elle est instruite de tout, parce qu’il