Page:La Revue blanche, Belgique, tome 2, 1890.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Éblouissements, syncopes, envies de vomir… les souffrances au creux de l’estomac… C’était donc moi qu’Il attendait…

Pierre VEBER.




M. JULES FERRY
- LE TONKIN ET LA MÈRE-PATRIE -

L’une des plus belles et plus rares qualités de l’homme d’État est, peut-être, le courage civique. M. Jules Ferry qui,depuis plusieurs années, est l’objet des haines aveugles d’une démagogie ignorante et folle, la possède.

Avec une sérénité parfaite, et la conscience du devoir accompli, il a supporté, d’une âme égale, toutes les insultes qui lui ont été prodiguées.

M. Jules Ferry doit avoir confiance dans la justice immanente de l’histoire ; le temps remet à sa place toute chose ; avec équité il assigne à chacun son rang, suivant son œuvre et ses efforts.

Et déjà vient l’heure de la justice. L’opinion publique si longtemps égarée à la suite des malveillants et des envieux, l’opinion publique frelatée par les misérables pamphlétaires de certains journaux, revise aujourd’hui son jugement. C’est le commencement d’une grande réparation. Elle rend hommage, dès maintenant, à l’intégrité politique, à la clairvoyance de celui qui, dès l’origine, lui dénonça le boulangisme comme un danger national, à l’énergie, à la patience, de l’ancien président du Conseil ; elle le désigne comme un homme d’État complet, digne de diriger encore les affaires de la France ; bientôt, elle lui reconnaîtra, comme titre de gloire, l’annexion du Tonkin, ainsi qu’elle applaudit déjà aux progrès de notre influence en Tunisie.

M. Jules Ferry doit avoir confiance. — Il a confiance. — Le livre qu’il vient de publier « Le Tonkin et la Mère-Patrie » en est la preuve légitime.

Il y revendique fièrement les responsabilités :

« L’historien que j’attends avec confiance, dit-il, fera la part des responsabilités : Sévère ou bienveillant, il me rendra, je l’espère, responsable de ce que j’ai fait. Entre le mois de février 1883 et le 6 avril 1885, depuis la présentation des premiers crédits jusqu’à la paix signée par M. Billot, je suis responsable. À la paix avec la Chine, mon action comme ma responsabilité s’arrêtent. »

Puis il ajoute plus loin, avec quelque amertume, mais non sans fierté :