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maître et précurseur de Bourget, l’intrépide vide-consciences.

Et c’est-tout, me dit M. Muhlfeld, en appuyant sur les deux syllabes.

— Encore un mot si vous le permettez : Voyez-vous une analogie entre la déconfiture de la Société des Dépôts et celle du Naturalisme ?

— Tout ça, c’est fonds bas et bas-fonds, déclare M. de Printemps.

En m’en allant, je demande à M. Lucien Muhlfeld s’il n’a rien écrit depuis La Fin d’un Art.

— Si fait : un roman cyclique en seize volumes dont je réserve la primeur à une revue trimestrielle de Bordeaux.

Dans la campagne, un vent tiède apporte le parfum des jeunes pousses et caresse délicieusement l’épiderme.

Je me dirige vers la gare, non sans me retourner plus d’une fois vers la charmante villa couverte de chèvrefeuilles.

— Première Paris.

M. V. REB-PEREIRE

M. S. H. K. W. V. Reb-Péreire, le riche, éminent et sympathique israëlite, possède, rue de la Victoire, un hôtel très vaste et fort curieux par l’austérité de son architecture et de son aménagement : peu d’ornementation, un luxe de confortable et de simplicité ; rien d’ailleurs qui ne soit conforme aux rites du plus sévère judaïsme jusqu’à la porte, qui est cochère.

Un domestique m’introduit dans le cabinet de travail de M. V. Reb-Péreire. Au mur, j’aperçois le portrait du grand rabbin de France par Boldini.

M. V. Reb-Péreire se promène à grande pas dans la chambre, en monologuant à haute voix. Je saisis quelques mots : «… 3 1/2… Panama… quatorze millions… »

— Pardon, cher maître, si j’interromps votre solishyloque…

— Entrez-donc : vous ne me dérangez nullement ; au contraire. Vous venez m’interviewer, oui, je sais : vous