une douche glacée lui tombe sur les épaules et s’arrête instantanément. Aussitôt un domestique apparaît et enveloppe son maître dans un vaste et moelleux peignoir.
— D’ailleurs, reprend M. Degeraisme, quoi lire ? Nous sommes dans une époque de pacotille littéraire. Les vrais artistes aujourd’hui, sont les plus absconds : ils ne s’adressent guère qu’à un groupe restreint d’initiés, de mandarins. Au vingtième siècle, ce sera bien pis, ou bien mieux, si vous voulez : en tant qu’art on en arrivera à ne plus vivre que pour soi-même.
— Alors plus de littérature ?
— Entendons-nous : il y aura toujours des gens qui feront de ce que l’on nomme encore « les lettres » une des branches du commerce. — Commerce légitime, après tout. — Et nous aurons des Potin, des Chauchard, des Belle-Jardinière de la littérature…
— Diable ! Et pas d’art nouveau, en compensation ?
— Si, peut-être… Une synthèse possible des parfums qui pourrait les faire rentrer dans l’Art…
— Des parfums ?
— Oui.. À part ça, une musique symphonique ; mais symphonique seulement serait l’idéal. Plus de musique lyrique. Wagner assujettit.
Je me sens un peu déconcerté, je dois l’avouer, par les derniers mots de M. Degeraisme.
— Pardon, cher maître, mais alors… la peinture ?… la sculpture ?…
— Oh ! le parti le plus sage serait de fermer les musées. Pourquoi fatiguer son corps inutilement ?
M. Lucien Muhlfeld, on l’a dit, est un lettré délicat. Lettré sans afféterie et délicat sans fadeur. Il est épris de logique ; il réduit tout en formules (feld), et s’il fait de la