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FLORENTINE



— Encore un kilomètre de tiré, s’écrie Vendredeuil, mon camarade, le conducteur du premier demi-attelage.

Et je jette un coup d’œil sur la borne kilométrique qui porte le numéro 16 et que frôlent les roues de la prolonge que nous conduisons à Bir-Kermous.

— C’est le seizième. Plus que huit, je crois ?

— Plus que huit bornes, oui ; ce qui fait douze kilomètres.

— Naturellement.

Vendredeuil flanque un coup de botte à son sous-verge qui tire au renard et me demande, après avoir bâillé comme le crapaud d’un jeu de tonneau :

— Sais-tu pourquoi les kilomètres ont quinze cents mètres en Tunisie ?… Non ?… Je vais te dire. C’est un type de l’Administration qui m’a expliqué ça. Pour faire une route, le Génie militaire commence par prendre la distance d’un endroit à un autre, à vue de nez et en droite ligne. Ainsi, du Kef à Bir-Kermous : vingt-quatre kilomètres. Il fait tailler vingt-quatre bornes et les plante le long du sentier