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florentine

du gendarme. Il se penche sur l’encolure de sa bête.

— Dites donc, vieux, pas de bêtises, hé ?

— Marlou ! hurle le mercanti.

Le brigadier se redresse et frise sa moustache, sans rien dire, avec un sourire jaune.

Nous aidons Florentine à monter dans la voiture, nous sautons en selle et nous partons au trot. Nous atteignons le village arabe, lorsque le bruit clair d’une détonation éclate derrière nous. Le gendarme, très pâle, me regarde.

— Qu’y a-t-il, brigadier ? crie la fille qui s’est levée dans la prolonge.

— Rien, rien.

— Ah !…

Elle a deviné et se laisse choir sur une malle, éclate en sanglots convulsifs…


Maintenant, nous sommes loin de Bir-Kermous. Le brigadier a fini par consoler Florentine et lui parle de la belle chambre qui l’attend chez Baluffe. Une armoire à glace superbe…

— Avec un tiroir en bas ?

— Je crois même qu’il y en a deux.

— C’est la Concha qui va m’en vouloir ! s’écrie Florentine en battant des mains. Ah ! moi qui oubliais…

Elle oubliait la bouteille, la bouteille d’absinthe qu’elle avait déposée au fond de la voiture et qui, par hasard, n’est pas cassée.

— Par exemple, nous n’avons pas de verres…