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florentine

Florentine pose les verres sur la table et s’asseoit à nos côtés.

— Eh bien ! quoi de nouveau au Kef ?

— Pas grand’chose.

— Et Baluffe ?

Le gendarme fait claquer sa langue.

— Ah ! dame, Baluffe !… Ça va maintenant… Il se lance dans le grand, lui aussi… Toute sa boîte est remise à neuf.

Florentine ouvre de grands yeux – de grands yeux de porcelaine, trop ronds, trop bleus, des yeux étonnés et musards de bonne vache qui donnent une expression pouparde à ses traits fondus de blonde rose, – pas trop décartonnée.

— Pas possible !

Vendredeuil donne des détails.

— Oui, tout remis à neuf. Des commodes-toilettes dans toutes les chambres, des lits en acajou avec des sommiers élastiques, des serviettes à initiales…

— Pas possible !

— Mais si, répond le brigadier, mais si. Et, tenez, il y a même une chambre avec une magnifique armoire à glace que Baluffe ne sait pas qui mettre dedans. Il a envie de la donner à la Concha…

— La Concha ! s’écrie Florentine. Une sale figure de pain d’épice d’Espagnole ! Mettre la Concha dans une chambre à armoire à glace ! Autant fiche des confitures à un sergent de ville !…

Le gendarme pince les lèvres, Florentine s’en aperçoit. Elle se rattrape.

— Je voulais dire : à un cochon.