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ont été bien conçues et exécutées, dans une guerre, c’est là l’x cherché.

« "L’x est l’esprit des troupes, c’est le désir plus ou moins intense de tous les hommes qui en font partie, de se battre, sans considérer s’ils sont sous les ordres d’un homme de génie ou sous les ordres d’un imbécile, s’ils se battent sur deux ou trois lignes, s’ils sont armés de massues ou de canons tirant 30 coups à la minute.

« Les hommes prêts à se battre se placent toujours dans la position la plus avantageuse pour la lutte. Les hommes qui s’inquiètent plutôt de la victoire que de la possibilité de leur mort, sont tenus d’être supérieurs à ceux qui préfèrent échapper sains et saufs. L’esprit de l’armée est le facteur qui, multiplié par la masse, donne pour produit le pouvoir. »


La théorie de Tolstoï, qu’il pousse, selon son habitude, jusqu’à la dernière limite du raisonnement, a trouvé une admirable confirmation dans la chute de Port-Arthur. En admettant que tous les autres succès des Japonais remportés sur les Russes, sur terre, soient dus à une stratégie supérieure ou à une supériorité numérique en temps utile, la prise de la forteresse de Port-Arthur résulta presque entièrement de la supériorité de l’esprit de combat des Japonais. C’est seulement devant Port-Arthur, il ne faut pas l’oublier, que les listes des pertes des forces opposantes montrèrent chez les Japonais un nombre beaucoup plus considérable de tués et de blessés. La vraie première bataille à Nanshan, où les Japonais perdirent cinq fois plus d’hommes que leurs adversaires, ne fut gagnée que par un élan irrésistible de la part des soldats Japonais. L’opinion d’un stratégiste allemand, capable d’ailleurs, qui écrivit pour la Gazette militaire de Berlin un article où il soutient que la position de Kinshow fut enlevée aux Russes par un mouvement de flanc stratégique de l’infanterie japonaise, n’est pas soutenable, attendu que l’étroite bande de terrain attenant à Nansha n’a que quatre kilomètres de large, et que la ligne des forts russes de chaque côté s’étendait jusqu’au bord de l’eau. De plus, le renfort tardif apporté à l’un des flancs par l’artillerie sur bateaux des Japonais, fut compensé par le renfort de l’artillerie sur bateaux des Russes engagés sur l’autre flanc ; un assaut d’infanterie, exécuté dans un espace aussi limité, quelques-uns même des assaillants, sur la droite, ayant à entrer dans l’eau, ne peut être appelé qu’une attaque de front.

Quant à la chute de Port-Arthur, il est vrai que le général Stoessel a prétendu que ses forces étaient inférieures à celles des assiégeants, dans la proportion de un à trois, et que ses munitions