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ment et à envoyer des renforts, enjoignant, jusqu’à leur arrivée, de se retirer devant l’attaque, en détruisant tout ce qu’on ne pourrait emporter. Ils ajoutèrent que le découragement était général dans l’intérieur du pays, et qu’on y croyait de moins en moins à une heureuse issue de la guerre. Cependant la résolution de se défendre jusqu’à la dernière extrémité n’en était pas affaiblie ; le respect pour le président, — el Supremo, — dont on ne prononçait le nom qu’en se découvrant, était toujours le même.

Aussitôt que ces nouvelles se furent répandues dans le camp, il n’y eut plus qu’un cri : « Marchons sur l’Apa ! » L’enthousiasme était au comble, et les plus prudents se laissèrent entraîner par l’excitation passionnée des groupes qui se formaient de tous côtés.

En ce moment on annonça le retour du bataillon no 17, qui avait accompagné le vieux Lopès. Assister à la première entrevue du père et du fils aîné qu’il retrouvait, c’était le désir de tout le monde.

Notre guide avait appris la grande nouvelle en passant par les avant-postes. Il arrivait pâle, les yeux humides, vers son fils qui, l’attendait