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qui pensaient ainsi ; mais deux de leurs collègues, prenant la question à un point de vue différent et leurs arguments dans une sphère plus élevée, prétendaient que le corps d’armée avait sa mission qu’il devait accomplir à tout prix ; que sa marche par le nord du territoire paraguéen était absolument indispensable dans le plan d’ensemble de la guerre ; que la colonne était sans doute trop faible et qu’elle pouvait y succomber, mais utilement et avec gloire ; que du moins on dirait qu’elle était composée de généreux enfants du Brésil.

Nous étions tous jeunes : de telles pensées, de tels sentiments invoqués à propos d’avis en sens contraire, amenèrent des échanges de paroles hautaines, et enfin des personnalités.

Le lieutenant-colonel Juvencio, chef de la commission du génie, s’était tenu jusque-là dans le silence, sans pouvoir néanmoins maîtriser tout à fait l’émotion qu’il avait ressentie de temps à autre. De son vote, qui était prépondérant, allait dépendre l’issue du débat ; il résuma son avis, en le plaçant exceptionnellement sur le terrain de la pratique. « Le corps ne pouvait