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sonnet imprimé qui stigmatisait cruellement la conduite des défenseurs du Matto Grosso, et parmi d’autres noms il y avait lu le sien.

La douleur de cet affront subsistait ; son point d’honneur militaire était profondément blessé. C’était avec passion qu’il avait accepté l’offre du commandement de l’expédition ; il y voyait un moyen de se réhabiliter dans l’estime publique, et dès ce moment il conçut le projet, non de se tenir sur la défensive, comme l’eût voulu la raison, vu la pauvreté des ressources dont il pouvait disposer, mais de porter la guerre sur le territoire ennemi, quelles qu’en dussent être les conséquences !

Cette idée le dominait chaque jour plus exclusivement. Sous l’influence d’un ressentiment légitime, elle passa à l’état de parti pris ; malgré l’indécision native de son caractère, des hasards malheureux le poussaient à de nouvelles infortunes.

Il existait aux archives du corps une dépêche du ministre de la guerre recommandant de marcher sur l’Apa, aussitôt que les conjonctures pourraient s’y prêter.

Il y vit, non pas ce qui s’y trouvait, une indi-