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pouvait en chasser. Lors de l’abandon de la forteresse de Corumba[1] par le colonel d’Oliveira, commandant d’armes de la province, bien qu’étranger lui-même à la pensée première de cette retraite précipitée, le colonel Carlos Camisão avait figuré dans ce triste épisode en qualité de commandant du second bataillon d’artillerie, et avait été, par suite, soupçonné de quelque solidarité dans cet acte de faiblesse. La malveillance s’était emparée contre lui de ces cruelles rumeurs. On avait fait courir à cette époque un

  1. Corumba avait été pris et saccagé à la fin de décembre 1864 par les Paraguéens. « C’était la principale ville de commerce de la province de Matto Grosso, et l’ennemi y fit un butin très considérable. Les habitants s’étaient enfuis dans les bois du voisinage ; mais Barrios les y fit rechercher. Leurs maisons ayant été mises à sac, quelques-uns des objets dérobés, et des plus beaux, furent envoyés en cadeau à Lopez, qui ne dédaigna pas de les accepter. Les femmes furent maltraitées, et Barrios se distingua dans cette occasion entre tous les autres. Un riche Brésilien et sa fille furent conduits sur son navire, et lorsque le père refusa de laisser sa fille seule avec le chef paraguéen, il fut emmené de vive force et la malheureuse enfant gardée à bord. Barrios fit mettre à la question tous ceux qui lui étaient tombés entre les mains, et lorsqu’ils ne voulaient ou ne pouvaient lui donner les renseignements qu’il demandait, il ordonnait de les battre ; quelques-uns furent tués à coups de lance comme espions. »
    The war in Paraguay, par G. Thompson, 1 volume in-12. Londres, 1869. — M. Thompson, jeune ingénieur au service de Lopez, s’était jeté dans la guerre avec la croyance qu’il allait défendre le faible contre l’oppresseur. L’expérience des faits dont il a été le témoin l’a fait revenir de sa généreuse illusion.