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lant l’y attendait : les autels renversés, les saintes images dépouillées de leurs ornements, tous les signes de la profanation. À cette vue, il fut saisi d’un tel sentiment d’indignation et désespoir, qu’il n’y put résister, et prononça aussitôt d’une voix retentissante, en présence du chef paraguéen et de ses hommes, un anathème solennel contre les auteurs de ces attentats. Tous l’écoutaient, baissant la tête, comme si cette voix sévère eût été celle de quelqu’un des Pères qui avaient autrefois catéchisé leurs ancêtres, et le commandant prit à tâche de convaincre le missionnaire que les Mbaias (les Indiens) étaient les seuls coupables.

Le saint homme, fondant en larmes, passait d’un autel à l’autre, comme pour reconnaître les outrages faits à chacun des objets de sa vénération ; ce ne fut qu’après une constatation minutieuse de toutes les indignités commises, qu’il se résigna enfin à célébrer le saint sacrifice de la messe, lorsqu’il en eut rendu l’accomplissement possible.

Le séjour que le corps d’armée fit à Miranda fut de cent treize jours, du 17 septembre 1866 au 11 janvier suivant. Le 28 décembre, l’un des