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donner au récit une allure qui fût plus conforme à nos habitudes européennes. Je savais dès le principe que je n’aurais pas beaucoup plus à faire, l’auteur, M. d’Escragnolle-Taunay, étant lui-même encore quelque peu des nôtres, petit-fils d’un Français qui, obligé de fuir devant la Révolution, se réfugia d’abord à Lisbonne et passa ensuite au Brésil avec le roi de Portugal Jean VI. Dans ces conditions, je croyais n’avoir que bien peu de droits, si même j’en avais aucun, à figurer personnellement dans cette publication, et je commençai par refuser lorsqu’on m’invita à y joindre ma signature ; je craignais d’avoir l’air de chercher à détourner pour mon profit quelque chose de l’honneur qui appartient si entièrement à de vaillants soldats, éprouvés par tant de nobles souffrances. Ce n’était pas cependant ainsi que de l’autre côté on appréciait les choses. On me représenta qu’en venant reparaître chez nous, on tenait vivement à ne pas se reproduire comme un oublié qui n’a plus de relations avec notre monde ; on me fit aussi valoir que la signature d’un Français d’Europe serait considérée de l’autre côté de l’Atlantique comme