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eux-mêmes, et par une fanfare prolongée de leurs clairons qui donna le signal, mais qui nous sembla plus flatteuse pour nous que pour eux ; nos trompettes, d’ailleurs, ne se firent pas faute de s’associer à ces accents avec un éclat dont retentirent longtemps ces solitudes. Nous sûmes, quelques jours plus tard, qu’ils s’étaient portés vers Nioac, et qu’ayant rassemblé tous leurs détachements, ils avaient regagné par l’Apa le territoire de leur République.

Pour nous, approvisionnés de plus belle par un troupeau de bœufs envoyé des bords de l’Aquidauana, sur une dépêche de notre chef, au colonel Lima è Silva, nous passâmes le Taquaroussou le 9, et, le 10, nous traversâmes, deux lieues plus loin, une rivière nommée les Deux-Cours-d’Eau. Nous arrivâmes le 11[1] au port de Canuto, sur la rive gauche de l’Aquidauana.

  1. Au jour de l’invasion du territoire paraguéen, c’est-à-dire en avril 1867, l’effectif de la colonne était de 1 680 soldats ; le 11 juin, elle était réduite à 700 hommes de combat. Nous avions donc perdu 980 soldats par le choléra et par le feu. En outre, il était mort une grande quantité d’Indiens, de femmes et d’hommes ou marchands ou garçons de service qui avaient accompagné le mouvement agressif de la colonne.