des cahiers mis en pièces, des feuilles abandonnées au vent, des notes, dont l’auteur de ce récit reconnut quelques-unes pour être de son écriture, et qu’il retrouvait toutes dépareillées et désormais inutiles.
À quelque distance de ce cours d’eau nous attendait, à ce qu’on peut présumer, une nouvelle embûche, mais dont l’effet fut loin d’être tragique. Deux pipes, de celles où l’on garde l’eau-de-vie de canne, occupaient le milieu de la route. Le capitaine José Rufino, se rappelant l’explosion de l’église et se défiant de quelque nouveau stratagème de la part d’un ennemi qu’aucun scrupule ne semblait pouvoir arrêter, se fit faire place et, se précipitant sur les tonneaux, les défonça avec la poignée de son sabre. À la vue de la liqueur dont les flots se répandaient, quelques soldats, ne pouvant se contenir, s’agenouillaient ou se couchaient sur la terre pour en disputer leur part : spectacle accueilli par des éclats de rire qui se prolongèrent sur toute la ligne.
L’incident n’eut pas d’autre suite ; nous continuâmes paisiblement notre route jusqu’au ruisseau de Formiga, auprès duquel nous cam-