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contre les auteurs de cette cruelle catastrophe, et il n’y eut ensuite, parmi les victimes qu’on put dérober à la mort, aucune guérison qui ne fût saluée par tous comme un bonheur commun.

Tel fut l’adieu des Paraguéens, le dernier effet de leur rage contre nous. Sans nous quitter, ils se gardèrent de se laisser voir autrement que hors de portée.

Cependant, le 5, avant que la nuit fût bien dissipée, nous partîmes du malheureux et beau Nioac, anéanti enfin avec son église. Nous suivions la route de l’Aquidauana et marchions attristés sous l’impression du funeste événement de la veille. Nous en ajoutions l’angoisse encore présente, à toutes les vicissitudes par lesquelles nous avions passé. C’était beaucoup pourtant ; c’était un triomphe d’être encore debout, et d’avoir eu raison d’un ennemi si perfidement acharné à notre ruine.

L’Oroumbeva fut aisément franchi. Nous rencontrâmes sur sa rive droite des débris de chariots que les Paraguéens venaient de brûler, beaucoup de vivres et d’objets d’approvisionnement répandus et tout mêlés de terre, tels que les bords du Canindé nous en avaient déjà présenté,