Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riots qui servaient à ces divers transports, de revenir sans délai, aussitôt qu’ils seraient libres, et retenait auprès de lui la plupart des voitures chargées de vivres, dont il faisait un dépôt mobile en vue de notre arrivée prochaine.

Nioac, ainsi abandonné, était devenu la proie des Paraguéens : ils avaient tout saccagé, tout brûlé, excepté l’église, qu’ils épargnèrent, non par suite d’un sentiment religieux, mais, au contraire, pour la faire servir à un piège infernal. Leur infanterie, à notre approche, s’était d’abord retirée et retranchée dans le cimetière ; elle avait ensuite passé, par le bois, vers un gué de l’Oroumbeva qui avait été reconnu par leur cavalerie.

Sans souci du côté de l’ennemi, nous allâmes en toute hâte où il pouvait encore y avoir quelque chose à sauver. Cette jolie bourgade, désertée, prise et dévastée pour la deuxième fois depuis la guerre, n’était plus qu’un monceau de débris fumants. Le grand hangar qui, antérieurement, nous avait servi de magasin pour nos vivres, et que nous trouvâmes encore debout sur ses poteaux tout en flammes, montrait des rangées de sacs que nos gens, sans