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de toutes ces localités le séjour que nous y avions fait précédemment, nous supposâmes que les Paraguéens venaient de mettre le feu à une espèce de village, aux toits de paille, que nous avions construit jadis. Cette vue nous fit hâter le pas, et nous reconnûmes à première vue que nous ne nous étions pas trompés.

À trois heures de l’après-midi, nous étions au milieu de ces ruines en flammes qui avaient été nos demeures, et un dernier regard y fut jeté, non sans tristesse : le soldat et le voyageur s’intéressent toujours aux lieux où ils ont posé leur tête.

Un incident d’opera buffa vint à propos nous distraire de cette impression mélancolique : ce fut la réapparition de cet Italien qui nous avait déjà donné la comédie au camp de Laguna. On l’avait dit, mais à tort, tué avec d’autres marchands qui avaient, pour ainsi dire, déserté nos rangs dès qu’ils eurent passé la rivière de Miranda. Il s’était habilement séparé d’eux, avait erré de Canindé à Nioac, sans idée du point vers lequel il devait tendre, allant de buisson en buisson, tremblant de frayeur, n’en trouvant pas un qui lui parût tout à fait mériter sa