Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

horrible passé de la veille, le choléra, la famine, la mort sous toutes ses faces ne nous apparaissaient déjà plus que comme les hallucinations d’un mauvais sommeil. Ce n’était pas, cependant, que de tristes pensées ne revinssent, après les réalités que nous avions vues, nous assaillir encore : nous nous comptions ; combien manquaient ! Les clairons sonnaient, on aimait à les entendre ; mais les musiques de nos bataillons, qu’étaient-elles devenues ? Compagnes des premières épreuves de l’expédition dans les marécages du Miranda, encore brillantes lors de notre incursion sur le sol paraguéen, elles n’avaient pas tardé à être décimées par le feu de l’ennemi. Bientôt après, la nécessité y avait fait recruter des soldats, à mesure que nos rangs s’éclaircissaient. Le choléra était venu achever l’œuvre de destruction, enlevant quatorze musiciens, de ceux qui avaient appartenu au bataillon de volontaires de Minas.

Le jour suivant, nous parcourûmes rapidement la distance jusqu’à Nioac, observant avec exactitude l’ordre adopté pour traverser les plaines, et l’ennemi, qui suivait notre arrière-garde, n’osa tenter aucune attaque ; il fut au