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chacun prétendait se rassasier. Les officiers, qui voulurent d’abord interposer leur autorité, la voyaient méconnue, quand l’un d’eux, le lieutenant Bemfica, injurié par ces furieux, en saisit un au corps, le terrassa et le tint couché sous son revolver.

La surprise produite par cet acte de vigueur commença d’abord par contenir la foule ; puis, ce premier moment passé, elle entra dans un état d’apaisement général, après un cri qui se fit entendre tout à coup : « L’ennemi ! » Soit que l’ennemi eût été en effet aperçu, soit que ce fût un expédient employé par une inspiration heureuse pour faire diversion, l’odieuse pâture fut oubliée.

Ce désordre n’eut pas d’autre suite ; le commandant voulut l’ignorer comme tenant à l’excès de nos misères, et poussant un peu plus loin cette marche à laquelle nos forces physiques ne pouvaient plus suffire, il ordonna bientôt qu’on fît halte et qu’on s’occupât du campement.

Les dispositions en furent prises par le nouvel adjudant du quartier-maître, le lieutenant Caton, nommé pour remplacer le lieutenant-colonel Juvencio. Le capitaine Lago avait été