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notre colonne qui ne pouvait manquer d’y arriver, sa marche vers le nord étant indiquée à l’horizon par la fumée des incendies qui se renouvelaient devant elle, sans réussir à l’arrêter. À supposer même un cas extrême, les vingt-deux chariots de marchandises auraient formé un excellent rempart contre le choc tout au plus passager d’une pointe de cavalerie, puisque, d’ailleurs, nous ne pouvions d’aucune manière tarder à venir les dégager. Vieira Rezende avait inutilement tenté de faire valoir une considération qu’on aurait crue décisive pour eux, la chance de vendre leurs marchandises avec de beaux bénéfices, au moment où nous allions sortir affamés de ces plaines ravagées par le feu. Rien n’avait pu les persuader. Le côté militaire de ce projet, trop conforme suivant eux aux goûts aventureux de celui qui le mettait en avant, effraya des gens dont l’inquiétude s’augmentait de tous les bruits de catastrophe que nos déserteurs répandaient partout. Ils tinrent à continuer leur marche sur Nioac par le Canindé. Les Paraguéens les atteignirent et les dispersèrent à la première décharge ; puis, les chariots étant pillés, ils