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connaissions les Paraguéens ; quelles précautions auraient pu leur dérober ce dépôt ? Ils savaient trop ce que ces armes leur avaient coûté, pour qu’il fût probable qu’elles échappassent aux recherches qu’ils n’auraient pas manqué de faire.

Quoi qu’il en fût, ce sacrifice ne nous était pas encore imposé ; c’était surtout pour sauver les canons que le major José Thomas Gonçalvès avait eu l’idée de l’installation du câble, et il en avait vu l’heureux essai avec un sentiment de légitime enthousiasme. Le 31, on se mit à l’œuvre avec un entrain des plus vifs : tout le monde s’empressait de prêter la main, ceux-ci pour amener sur la berge une première pièce, ceux-là pour multiplier les nœuds d’amarrage autour des troncs d’arbres de la rive et les consolider ; les autres pour fixer les poulies qui devaient faciliter le transport. Le canon enfin s’ébranla, et quand, tiré de manière à filer le long du câble par plusieurs attelages de bœufs manœuvrant sur l’autre rive, il parut se mouvoir régulièrement, d’immenses acclamations se répondirent d’un bord à l’autre et l’accompagnèrent jusqu’à ce qu’on l’eût vu sortir de l’eau. Au milieu du courant, il avait pesé sur