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laisser courir un hasard dont ils réclamaient le danger comme une grâce.

Cependant les armes et les cartouches avaient été transportées dans des cuirs, avec quelques malades presque agonisants, auxquels cette faveur n’avait pu être refusée dans l’état d’agitation convulsive où les mettait la rapidité de nos préparatifs, et surtout le départ de ceux des autres cholériques qui avaient eu assez de force pour passer par le câble.

Le commandant, trouvant qu’il avait assez de monde de l’autre côté de la rivière, résolut de faire passer le lendemain nos quatre pièces d’artillerie. Elles étaient devenues pour nous l’objet de vives inquiétudes au milieu de toutes nos calamités. Les laisser comme trophées à l’ennemi n’était pas admissible. Le colonel Camisão même avait tenu autrefois conseil à ce sujet, et il existait un procès-verbal autorisant le commandant, si la nécessité s’en présentait, à les faire disparaître dans le lit de quelque cours d’eau, à la plus grande profondeur possible, de manière qu’on pût toujours venir les reprendre plus tard, si le sentiment national s’en préoccupait. Mais nous