un état de torpeur et de somnolence ; son corps se couvrit de taches violacées. À sept heures et demie, il fit un effort suprême, il se leva du cuir où il était couché, s’appuya sur le capitaine Lago et lui demanda où était la colonne, répéta encore qu’il l’avait sauvée ; ensuite, tournant ses yeux déjà vitreux vers son soldat : « Salvador, dit-il d’une voix de commandement, donne-moi mon épée et mon revolver, » Il chercha à boucler son ceinturon, et en ce moment même il se laissa aller à terre, en murmurant : « Faites suivre les forces ; moi, je vais me reposer. » Il rendait l’âme.
À quelques pas de là, dans une baraque ouverte à tous les vents, était le lieutenant-colonel Juvencio. Il avait recouvré un peu de voix et sortait de l’horrible torture des crampes ; mais il se plaignait d’une forte douleur au foie ; le lieutenant Caton, que nous aidions de notre mieux, lui faisait constamment des applications nouvelles, sans le soulager. Nos noms étaient toujours sur ses lèvres pour nous recommander sa famille. À midi, il se calma, tomba dans une léthargie entrecoupée de soubresauts, et expira à trois heures, après avoir remis dans