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hommes, qui se noyèrent encore, avait déjà montré la nécessité de maintenir plus vigoureusement cette défense ; mais ni menaces, ni représentations ne furent capables de retenir un capitaine du bataillon no 20, qui se mit tout babillé dans un cuir poussé par deux nageurs : il croyait pouvoir compter sur eux, mais, au milieu de la rivière, les forces leur ayant manqué, ils l’abandonnèrent au courant. On lui vit faire de longs efforts pour se maintenir à la surface, puis couler enfin, et peu à peu disparaître, avec des cris de désespoir auxquels, à défaut de secours, se mêlaient ceux de la multitude assemblée sur le point d’où il était parti.

Peu après, un nageur qui arrivait du bord opposé dit avoir failli périr par la force du courant qui était comme irrésistible au centre, nous faisant perdre ainsi l’espérance que nous avait donnée un abaissement subit de la rivière. On en revint à croire qu’il n’y aurait point avant longtemps de gué praticable, et l’abattement des soldats n’eut plus de bornes.

Mais l’alarme était vaine ; car c’est une condition commune à tous les cours d’eau, après qu’ils ont été ralentis dans les débordements