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d’armée conserver l’esprit de subordination et la confiance de continuer son mouvement en avant, quand la plupart des hommes encore debout étaient plus ou moins affaiblis par les fièvres et la privation d’une eau saine et d’une nourriture suffisante ? Pour comble de malheur, le brave chef envoyé pour prendre le commandement, poussé par le désir de venger son honneur militaire calomnié, prend la résolution de se jeter sur le territoire ennemi avec ces débris d’une avant-garde si cruellement décimée déjà, et n’ayant ni approvisionnements suffisants, ni espoir de se voir soutenue. Dans de pareilles circonstances, il y a quelque chose de plus admirable que la bravoure : c’est le sentiment de la discipline faisant accepter, par les officiers comme par les soldats, une décision qui mène évidemment aux plus affreux désastres. Ce profond sentiment du devoir et du respect de l’autorité se reflète dans les pages écrites par l’auteur, d’après les fragments de son journal. Officier du génie, initié à toutes les délibérations, chargé d’étudier les conditions de campement, de marche, d’approvisionnement, il put, mieux que tout autre, apprécier les fautes ; mais il en