Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choix de la route qu’on lui avait fait prendre.

« Et Nioac ? s’écriait-il. Et nos malades ? Je voudrais être à la place d’un de ceux qui en ont fini !… » Nous sentions bien qu’il avait encore quelque chose à nous dire ; mais nous nous retirâmes sans qu’il s’en fût ouvert.

Une seconde fois, à dix heures du soir, on vint de sa part nous appeler sur le cuir que nous partagions avec le lieutenant-colonel Juvencio ; nous y allâmes ensemble. Le commandant était en consultation avec le major Borgès et le capitaine Lago, discutant les moyens de transporter les nouveaux malades, il était question de les placer dans des moitiés de cuirs relevées par les bords en forme de cacolets établis sut des mules, celles mêmes qui portaient nos cartouches. C’était inexécutable, ne fût-ce qu’en raison du poids qu’on aurait fait ainsi retomber sur les soldats, déjà excédés. Il soutint pourtant cette idée avec insistance contre l’avis de tous ; nous nous séparâmes encore sans connaître le fond de sa pensée.

Enfin, vers le milieu de la nuit, il convoqua de nouveau les commandants et les médecins. Il venait de prendre une suprême résolution qu’il