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rien à souffrir de l’intempérie des saisons, et c’est pleins de vigueur, chargés de butin, qu’ils purent choisir la route pour rentrer dans leur patrie. Quel contraste avec la lutte héroïque de cette poignée de Brésiliens, la plupart novices dans les fatigues de la guerre, et aux prises avec toutes les difficultés de terrain, les pluies torrentielles, l’insuffisance des munitions, l’épuisement d’une longue famine, les ravages foudroyants du choléra et la poursuite acharnée d’un ennemi parfaitement équipé, attaquant de loin, le jour, la nuit, et n’hésitant pas à plonger cette troupe de braves dans un océan de feu, qui l’eût dévorée sans des prodiges d’énergie et la présence d’esprit de cet admirable Lopès, plus grand que bien des héros d’Homère !

On sait que pendant cinq ans (1864 à 1869) le Brésil soutint une lutte difficile avec la république du Paraguay. L’étendue immense de l’empire rendait la guerre très pénible : il fallait aller chercher à cinq cents lieues un ennemi retranché derrière ses marécages. Or, la sage modération du peuple brésilien, sous le paternel régime de S. M. Don Pedro, avait exonéré jusque-là le budget de la lourde charge d’une grande