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prise dans l’incendie. Lopès n’eut que le temps de nous établir sous cet abri ; le colonel donna l’ordre d’y camper. Attaqués dans cette position même, nous la défendions comme on défend un dernier refuge. Le tir de nos pièces obligea enfin l’ennemi à la retraite.

Autour de nous, tout était fumée, ténèbres et vapeurs brûlantes : un de nos soldats tomba mort suffoqué. Un autre, qui, les yeux aveuglés par un tourbillon, s’était mêlé aux Paraguéens, se tira d’entre eux et revint vers nous, sans avoir été reconnu, grâce à l’obscurité.

Le choléra fit ce jour-là neuf victimes ; vingt cas nouveaux furent signalés ; le chef des Térénas, Francisco das Chagas, porté par ses hommes, arriva mourant dans un hamac. Ces malheureux sauvages en étaient au dernier degré de la terreur, mais ils ne pouvaient plus se séparer de la colonne, toute la plaine étant occupée par un ennemi qui ne manquait pas, lorsqu’il les prenait, de les faire mourir dans les plus horribles supplices.

À quelle cause devions-nous attribuer cette invasion du choléra, ou, pour mieux dire, à quelle cause ne pouvions-nous pas l’attri-