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gèrent qu’il était de leur devoir de ne plus dissimuler la vérité.

Il avait fallu pourtant nous remettre en route ; mais quelques soldats, en marchant, furent pris subitement de malaises et de défaillances qui jetèrent le trouble et la confusion dans les rangs ; on n’avançait plus. Les trois hommes attaqués précédemment succombèrent. En peu de temps, le chariot qui nous restait et un fourgon de munitions qu’on lui adjoignit furent surchargés de malades dont, les gémissements hâtaient partout l’éclosion de l’épidémie.

Cette journée cruelle eut une soirée et une nuit telles qu’on pouvait les attendre. Le 20 au matin, le temps, pluvieux d’abord, s’éclaircit, et le soleil devint bientôt brûlant : les animaux avançaient d’autant moins, les hommes ne faisaient plus que se traîner, la mort sous les yeux et dans le cœur.

Les Paraguéens avaient rétabli le pont et passé. Ils étaient déjà devant nous ; dès que la chaleur du jour eut dissipé la rosée et séché les herbes, ils y mirent le feu avec un tel succès que sans un bois de pindahybas, heureusement pourvu d’eau, la colonne se serait trouvée