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étaient d’une nature moins combustible que les grandes herbes de la plaine ; à notre aile droite, qui avait fait halte aussi, on coupa et l’on foula les herbes sous la terre, avec plus de temps cette fois, plus de soin, plus d’ordre qu’on ne l’avait encore fait. L’incendie arriva, et nous enveloppa, comme toujours, d’horribles tourbillons de fumée ; mais les flammes ne nous offensèrent pas autant que les autres fois ; nous avions d’ailleurs à notre disposition le cours d’eau, où nous allions, couverts de sueur, de poussière et de cendres, boire et nous rafraîchir. Les flammes éteintes, nos pièces nettoyèrent la plaine des Paraguéens qui s’y montraient encore, et tenant toujours le bois à notre gauche, nous pûmes avancer un peu pour prendre une meilleure position.

Le jour suivant, c’était le 17, le temps était nébuleux et froid ; le vent soufflant par violentes rafales, la marche devint très pénible : nous avions souvent à côtoyer les herbes en feu qui nous forçaient de temps en temps à nous arrêter pour déblayer le terrain. Nous cherchions aussi à gagner quelques taillis au travers desquels nous passions non sans obstacles, car il s’y ren-