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qui n’était autre que la rivière des Croix, où nous serions parvenus la veille si ce n’eût été l’excès de déférence du fils et l’orgueil du père.

Il fallut s’arrêter, car, bien que la rivière fût guéable, les bords étaient trop escarpés pour que les chariots pussent passer, à moins d’un travail préalable et qui devait nous prendre du temps. Les corps de l’avant-garde et du centre rompirent donc les rangs, et laissant l’arrière-garde en ligne, commencèrent à pratiquer des rampes dans les berges. Le bataillon des volontaires mit beaucoup de vigueur à ce travail si important (pressés comme nous l’étions par les ennemis), et l’un de ses officiers, José Maria Borgès, que les soldats aimaient pour sa verve enjouée dans les moments les plus critiques, mérita bien du corps d’armée en cette occasion ; nous aimons à lui rendre ce témoignage.

Ce fut grâce à lui et à ses hommes que le passage devint praticable vers deux heures de l’après-midi. Nous avions été tenus là très dangereusement en échec sous les yeux des Paraguéens qui auraient pu, pendant cette halte forcée, nous attaquer avec grand avantage.