un obus si bien pointé que, tombant aux pieds du cheval, il le couvrit de terre avec son cavalier, puis ricochant sur un bois voisin, où il y avait du monde, il y fit explosion avec assez d’effet pour que nous y pussions remarquer du mouvement. Le factionnaire eut de la peine à maintenir son cheval sur place, mais il ne bougea pas et, par suite, nous fit perdre l’envie de continuer à tirer sur lui.
Le colonel, jugeant que cette démonstration avait seulement pour but de nous retarder, fit passer le marais au bataillon no 20, et ensuite à toute la colonne ; mais, dès que nous eûmes repris notre marche, surgirent de tous les points de la prairie des flammes qui prirent, en se rejoignant, des proportions effrayantes.
Lopès, qui n’avait pu cacher, durant notre longue escarmouche, une préoccupation que nous ne lui avions encore jamais vue, reprit alors toute sa force de résolution. Il appuya sur-le-champ la colonne à deux taillis qui nous préservèrent pour le moment des flammes latérales, puis il fit dépouiller d’herbes un espace plus grand que la première fois et où nous eûmes moins à souffrir de l’approche du feu,