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fourré de petite taquara, à travers lequel il fallut nous ouvrir une voie avec la hache et la faux, ce qui nous prit beaucoup de temps, à cause de la dureté et de l’élasticité de cette espèce de bambou, et à cause aussi de la mauvaise qualité du fer de nos instruments. À deux heures, nous étions encore à l’ouvrage. Notre guide surtout ne pouvait maîtriser son impatience ; il faisait lui-même, de temps à autre, des pointes dans le taillis, incliné sur le cou de sa monture, pour chercher à entrevoir quelque percée vers la plaine ouverte ; mais, n’y réussissant pas, on le voyait revenir mécontent, agité, les vêtements déchirés.

Nous en sortîmes enfin à trois heures ; et à cinq, la colonne tout entière, ayant franchi cette barrière résistante, continua sa marche, le jour déclinant déjà, vers un tertre situé à un grand quart de lieue encore, et au bas duquel de jolis bouquets de bois indiquaient le voisinage d’une source. Il s’y trouvait déjà un gros détachement paraguéen qui se disposait à camper. Les cavaliers avaient mis pied à terre, en gardant leurs rangs toutefois. Deux obus de nos pièces d’avant-garde suffirent pour qu’ils s’empres-