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Le lendemain 14, la pluie tombait encore au point du jour, mais un peu modérée, lorsque nous quittâmes ce campement inhospitalier pour entrer dans un taillis que notre guide, avec une grande sagacité, jugea à propos de nous faire prendre. Nous y marchâmes pendant plus de deux heures, et non sans beaucoup de difficultés ; mais nous évitions ainsi le défilé que les Paraguéens occupaient, et où ils s’attendaient sans doute à nous anéantir.

Lopès se montra avec raison fier du succès de ce détour. Quelqu’un lui ayant demandé quel rhumb il suivait, il se mit à rire de bon cœur : « Le rhumb, dit-il, est dans ma tète. » S’il voyait consulter la boussole, il déclarait que la grosse aiguille n’était bonne qu’à faire de jolis dessins pour amuser les promeneurs. On lui fit cependant reconnaître qu’il avait quitté la direction nord et qu’il s’attardait en conséquence : « Oui, pour un moment, répliqua-t-il, nous nous sommes détournés vers la campagne de Pedra de Cal que j’ai découverte, et qu’en 1864 le général Leverger, mon ami, aurait visitée avec moi, sans la guerre. »

À midi, nous nous trouvâmes en face d’un