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deux bœufs qu’on avait jusque-là abattus chaque jour, on en tua seulement quatre, choisis parmi les plus misérables de nos attelages. C’était la famine à son début ; une mesure que prit alors le commandant servit encore à l’avancer. Une de ses principales préoccupations étant de conserver le plus de moyens possibles de transport pour les blessés, il lui vint à l’esprit de faire débarrasser pour eux quelques chariots des objets d’approvisionnement qui s’y trouvaient : la farine, le riz, les légumes secs, furent donc répartis entre les soldats. Chacun devait porter ainsi ses vivres pour quelques jours ; mais comme chez la plupart la fatigue et la faim l’emportaient sur la prévoyance, presque tout ce qu’on venait de distribuer fut consommé à l’instant même.

Là commencent nos grandes épreuves ; de là datent des souffrances qui, s’aggravant les unes par les autres, ne tardèrent pas à nous faire croire que nous étions tous réservés à une prochaine et terrible catastrophe.