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demi-lieue, où l’eau des dernières pluies couvrait encore le sol, et n’y laissait qu’un très étroit passage où nous aurions été tenus pendant bien des heures sous le feu de l’ennemi. Enfin, par cette voie de la ferme de Lopès, il n’y avait qu’une grande rivière à traverser le Miranda, tandis que par la route ordinaire, outre celle-là, nous aurions eu à passer nombre de cours d’eau, dont trois au moins d’un volume considérable : le Desbarrancado, le Saint-Antonio et le Feio, qui grossissent démesurément par les plus petites pluies.

On pouvait dire, il est vrai, qu’un fâcheux effet de notre déviation de la route ordinaire serait de persuader aux Paraguéens que nous cherchions à leur échapper par la fuite, et d’amoindrir ainsi l’opinion que leur avaient donnée de nous les derniers combats ; mais ce désavantage apparent ne faisait, au contraire, que seconder pour le moment le désir que nous avions de sauver nos convois de la poursuite de l’ennemi en l’appelant sur nous. Il ne nous inspirait pas de crainte. Ce qui certainement devait nous faire réfléchir, c’était l’idée de nous engager dans des localités non explorées à