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moyen de se mettre en communication avec le convoi, et qui pourrait y être envoyé ; puis comme ce vaillant officier n’hésita pas à se proposer lui-même, il en accepta l’offre, sans rien entendre des observations qui lui furent faites sur les inconvénients de hasarder ainsi un homme d’un certain rang, d’un pareil dévouement, et dont la perte pouvait porter le découragement dans le corps d’armée. Il fut inébranlable, ayant pour unique réponse à tout que le fils de Lopès servirait de guide, en prenant des sentiers qu’il connaissait et qui étaient impraticables à la cavalerie.

Son ordre fut exécuté. Deux de nos réfugiés du Paraguay, les frères Hippolyte et Manoel Ferreira, entraînés par la confiance que leur inspirait le fils de Lopès, se joignirent au lieutenant Victor. Ils partirent tous les quatre, nous laissant dans l’anxiété la plus vive.

Une demi-heure s’était à peine écoulée, que nous entendîmes distinctement au loin des coups de fusil. Nous tressaillîmes : nos yeux restaient fixés sur le point où les absents avaient cessé d’être en vue. À la fin, nous vîmes le fils de Lopès sortir seul du bois de la rivière,