se réunir à nous, avec une escorte de douze soldats. Il n’avait point rencontré les Paraguéens ; mais quant à l’objet de notre préoccupation principale, ou pour mieux dire unique, il nous apprit qu’aucun envoi de munitions n’était parti de Nioac. Un bon nombre de chariots de commerce, chargés de marchandises, étaient, il est vrai, parvenus jusqu’à la Machorra ; il y en avait quelques-uns arrêtés encore à nous attendre, mais les autres, le plus grand nombre, avaient, à la nouvelle de nos engagements avec l’ennemi, rebroussé chemin, croyant qu’on ne devait jamais nous revoir.
La Machorra, comme nous l’avons dit, est située à dix kilomètres de Bella Vista sur le territoire brésilien, et nous pouvions supposer que les ennemis, principalement occupés de nous et de ce que nous étions encore capables de faire, ne se seraient pas encore portés jusque-là. Suspendre notre marche pour retarder la leur, rester en deçà de l’Apa, et faire cependant reprendre le plus tôt possible la route de Nioac aux marchands, telles furent, à ce qu’on peut juger, les idées du colonel. Il s’en laissa dominer jusqu’à la passion : il tenait à déshon-