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balayés par les feux croisés de notre infanterie ; pour plus de sûreté enfin, des lignes de tirailleurs circulaient autour du corps d’armée.

Dès cette première journée, on vit ce que cette formation avait d’avantageux, car la cavalerie ennemie était partout autour de nous, en tête, sur les flancs, en queue, tantôt à distance, tantôt presque à nous toucher. Nos soldats, toujours marchant, l’écartaient par des décharges fréquentes et d’autant plus sûres dans leur effet, que les Paraguéens s’approchaient davantage. Quelques-unes de leurs balles passaient aussi dans nos rangs, mais sans grand effet par l’incertitude du tir au galop ; les boulets cependant vinrent à leur tour.

Nous traversions alors le fond bourbeux d’une plaine toute sillonnée d’étroits plateaux qui se font suite parallèlement les uns aux autres, et une pièce de 3 des Paraguéens, successivement placée sur ces points, faisait feu contre nous ; mais, soit que la fortune en cela du moins nous favorisât, soit inexpérience des artilleurs ennemis, leurs projectiles allaient s’enfouir dans la boue qui nous environnait, ou bien les moins inoffensifs tombaient au milieu de notre bétail,